En scénographie, si les images et la lumière captent immédiatement le regard, c’est souvent le son immersif qui donne de la profondeur à un espace et transforme une installation en une véritable expérience.
Conçu dès la phase de création, le son immersif renforce la narration, guide le public et crée une atmosphère cohérente avec l’univers de la marque.
On parle de son immersif lorsque le son :
occupe un espace tridimensionnel,
se déplace autour du visiteur,
varie selon la zone où il se trouve,
interagit avec la lumière, les images et parfois avec les mouvements du public.
Contrairement à une bande-son stéréo classique, le son immersif repose sur des espaces sonores différenciés (zones, ambiances, points de focalisation), des couches sonores superposées (musique, design sonore, voix, éléments interactifs) et des mouvements (trajectoires, rotations, approches, départs) conçus en harmonie avec la scénographie.
Techniquement, cela peut se traduire par : un système multicanal (5.1, 7.1, 16 canaux et plus), une diffusion spatialisée dans un dôme, un cube ou un espace à 360°, du contenu binaural via des casques pour des expériences individuelles, ou des formats ambisoniques pour des installations spécifiques.
L’objectif n’est pas de « placer des haut-parleurs partout », mais de concevoir une expérience sonore cohérente avec l’espace et le récit.
Le son immersif prolonge les intentions créatives : il peut conférer à un lieu une signature sensorielle, accentuer un récit ou créer une ambiance. Une même scénographie peut paraître contemplative ou intense par le simple choix des textures ou de la dynamique sonore.
Le son immersif est un outil discret mais puissant pour orienter les flux. Il peut attirer les gens vers une zone, accompagner une transition ou marquer un moment clé. Cela permet de gérer les flux de circulation sans surcharge visuelle, grâce à des signaux sonores judicieusement placés. Transitions fluides
Les changements de scène, les réinitialisations ou les variations d’éclairage peuvent être brusques. Le son immersif contribue à fluidifier ces transitions, à faciliter les pauses et à maintenir l’attention. Il assure une continuité qui évite les ruptures de perception.
Un système bien conçu ajuste les niveaux sonores, préserve l’intelligibilité et prévient la fatigue auditive. Le son immersif n’est pas « fort en permanence » : il s’adapte à l’espace et accompagne les visiteurs sans les importuner.
Avant toute composition musicale, nous commençons par écouter et observer :
le lieu : volumes, matériaux, réverbération, bruit ambiant, zones sensibles,
le projet : objectifs de la marque, message à transmettre, émotion recherchée,
le flux : capacité, temps passé sur place, circulation du public, type de médiation.
Cette phase nous permet de définir un cahier des charges sonore.
La phase de conception commence alors :
définition du récit sonore (chapitres, moments forts, zones de calme),
séparation en espaces sonores : quelles ambiances pour quelles zones ?
intégration à la scénographie, aux lumières et à la vidéo,
choix des formats (multicanal, binaural, ambisonique, etc.) et du système audio approprié.
Nous élaborons des plans de mise en œuvre audio : placement des enceintes, zones de couverture, routage et exigences de la régie.
Cette étape est cruciale pour concilier les objectifs créatifs et les contraintes logistiques.
À partir de là, nous pouvons entamer le processus créatif :
composition musicale originale en accord avec l’identité de marque,
conception sonore (textures, ambiances, éléments spécifiques, signatures sonores),
préparation de versions adaptées aux différents espaces (hall d’entrée, salle principale, avant-spectacle, après-spectacle, etc.),
intégration de voix ou de messages si nécessaire (langues, niveaux, intelligibilité). Le travail est conçu dès le départ pour un mixage immersif, et non pour une simple transposition stéréo sur plusieurs enceintes.
L’équipe technique et créative travaille ensuite sur la dimension spatiale :
placement virtuel des sources sonores dans l’espace,
trajectoires (son se déplaçant dans la pièce, voix en rotation, texture ascendante),
gestion des plans sonores (avant/arrière, haut/bas, périphérique),
équilibrage des différentes voix (musique, sound design, effets).
Ce travail est réalisé en studio avec des outils de spatialisation dédiés, simulant le système final au plus près.
L’intégration sur site est une étape cruciale :
installation et test du système multicanal (position, angles, délais, niveaux),
étalonnage pour tenir compte de l’acoustique réelle du lieu,
ajustements du contenu (égalisation, dynamique, spatialisation),
synchronisation avec l’éclairage, la vidéo et les capteurs ou systèmes interactifs.
C’est également à cette étape que la robustesse de l’ensemble du système est validée : marges de sécurité, procédures d’exploitation, gestion de la redondance.
Pris en compte dès le départ, le son devient un véritable pilier de la scénographie :
il renforce la cohérence globale,
clarifie le parcours du visiteur,
enrichit l’expérience sans surcharge visuelle,
et garantit la production en évitant les ajustements de dernière minute.
Il ne s’agit plus simplement d’« ajouter du son », mais de travailler avec un matériau spatial qui interagit avec tous les autres éléments du projet.
Le son immersif n’est pas un simple ajout technique : c’est une forme d’expression qui structure l’expérience.
En l’intégrant dès la conception, les directeurs artistiques, scénographes et producteurs peuvent conférer à leurs installations une clarté, un impact émotionnel et une cohérence difficiles à atteindre autrement.
Il devient alors un véritable vecteur narratif : discret, puissant et essentiel.
